TYRANNIE ET DROIT DE RÉSISTANCE: LA VISION LOCKEENNE
« Là où le droit finit, la tyrannie commence, dès que la loi est enfreinte au préjudice de quelqu'un. Toute personne investie d'une autorité qui excède le pouvoir que la loi lui donne et qui se sert de la force soumise à son commandement pour accomplir, aux dépens des sujets, des actes illégaux, cesse par là même d'être un magistrat et, comme elle agit sans pouvoir, on a le droit de lui résister, comme à n'importe quel homme qui porte atteinte aux droits d'un autre par la force »
LOCKE, Deuxième traité du gouvernement civil, Paris, Vrin, 1977,p 193, §202.
Ces propos sus-mentionnés sont de John LOCKE, illustre penseurs anglais à cheval entre le XVII e et le
XVIII e, plus exactement (1632-1704). Pour lui le respect du droit est primordiale pour toute vie en société car les hommes ayant quittés l'état de nature pour se réunir en société, seule ce respect des lois peut permettre la conservation de cette dernière. De ce fait, Locke peut être considéré à juste titre comme un "penseurs du contrat" à l'instar de son confrère Thomas Hobbes et du français Jean Jacques Rousseau.
Pour ces philosophes du contrat, les hommes ayant quittés l'état de nature pour la vie sociétale, seule le droit ou l'obéissance aux lois peut garantir à chacun l'épanouissement et éviter le retour à l'état de nature qui est un état ou " l'homme est un loup pour l'homme " selon l'expression hobbesienne dans le Léviathan ( certes même si tous ces auteurs ne partage pas le point de vue de Hobbes, il est manifeste pour chacun d'entre eux que cet l'état de nature est un état dans lequel l'homme ne peut pleinement s'épanouir). Et Locke ne dit pas moins qu'autre chose lorsqu'il soutient que "Là où le droit finit, la tyrannie commence".
En fait, cette tyrannie dont parle Locke ne doit pas être simplement perçu comme émanente d'un chef d'état; elle émane de tous ceux qui détienne une parcelle du pouvoir aussi minime soit-elle. Ainsi actualisé, on pourrait dire qu'un maire, un député, un ministre, un juge, un notaire... bref une autorité qui détourne la loi à son profit fait œuvre de tyran et met l'équilibre de la société à mal. Dès lors, il ne faut pas rester pantois devant un tel spectacle mais il faut agir. Mais agir de quelle manière ?
A cette préoccupation, Locke apporte une réponse assez originale, savoir, celle d'user de son droit de résistance. Voilà le mot est lâché: "résistance". Tout moderne soucieux de l'ordre social serait scandalisé par un tel appel mais il ne faut pas faire montre de courroux précipitamment à l'égard de Locke. Il faut chercher à le comprendre avant tout jugement hâtif. Qu'entent ce auteur par "droit de résistance"?
Pour Locke, le droit de résistance est ce droit dont dispose tout individu de protéger ce qui lui appartient, c'est-à-dire, sa vie, sa liberté et ses biens. Et dès lors que cette possessions est mise à mal par l'injustice, l'usage du droit de résistance devient légitime. Toutefois, il ne faut pas voir en Locke un anarchiste. Loin de là car pour lui seule ont le droit de résistance les propriétaires car ces derniers dans leur résistance n'irait jamais jusqu'à imploser la structure sociétale et sont conscient que leurs revendications ne peut se faire en dehors de loi. Cette position a fait dire à bon nombre de critique que Locke est un penseurs de la personne bourgeoise. Même si cela est le cas, il convient de voire dans toute association qui revendique des droits dans un cadre légal une once de pensée lockienne modernisé.
Sur ce, je clos mon propos en espérant que cette pensée de Locke nous sera utile dans notre quotidien.